Mise en evidence par piegeage lumineux de migrations d'adultes chez Tortrix viradana L.(Lep. Tortricidae)

Des pièges lumineux implantés sur l’extrémité occidentale du Mont Ventoux (Vauclusc) (fig. 1) ont capturé certaines nuits (de 0 à 6 par année) des nombres anormalement élevés (jusqu’à plusieurs dizaines de milliers) d’adultes des 2 sexes de la tordeuse verte des chênes, Tortrix viridana L. (fig. 2 et tabl. 2). Ce phénomène ne peut s’expliquer que par l’invasion massive de la zone de piégeage par des insectes venus d’ailleurs. Les caractéristiques de ces invasions, leur mécanisme et leur signification sont discutés, en s’appuyant notamment sur les résultats des études dont la tordeuse des bourgeons de l’épinette a fait l’objet au Canada. Les points suivants ont été en particulier établis : 1. Les individus constituant les invasions avaient parcouru plusieurs kilomètres, peut-être parfois plus d’une centaine ; les adultes de la tordeuse verte effectuent donc des migrations à longue distance, aspect de leur biologie jusqu’alors ignoré. 2. Les papillons migrants non capturés ont survolé la zone de piégeage sans s’y arrêter, ou du moins sans s’y reproduire ; les invasions observées ont donc été très vraisemblablement provoquées par les sources lumineuses utilisées. 3. Les invasions massives ne sont que la manifestation exceptionnelle et spectaculaire d’un processus migratoire beaucoup plus régulier ; dans certaines circonstances, les ensembles d’individus migrants sont donc sans doute beaucoup plus denses ou se déplacent à une altitude nettement moindre (d’où une bien meilleure efficacité des pièges) qu’à l’accoutumée. 4. Les conditions météorologiques sont certainement en cause dans ce phénomène : les invasions massives se sont en effet presque toutes produites peu avant qu’un front froid ne passe au-dessus du Ventoux (tabl. 4). 5. L’importance des invasions, mesurée par le nombre des papillons capturés, varie considérablement, non seulement d’une nuit d’invasion à l’autre, mais aussi dans l’espace, même sur de très courtes distances (quelques centaines de mètres). L’incidence des migrations de la tordeuse verte sur la dynamique des populations de l’insecte ne peut être actuellement estimée. Il résulte en tout cas du point 2, qu’il convient d’être très prudent lorsqu’on utilise le piégeage lumineux comme méthode de prognose.