La construction du consensus : mieux s'entendre pou mieux se faire entendre. Illustrations avec le cas des ONG environnementales actives au niveau de l'Union Européenne

/ La construction du consensus évoque pour certains une approche idéaliste. Pourtant, elle répond à une réelle demande sociale et politique dans la plupart des pays. La volonté de renforcer la démocratie participative engendre aujourd'hui de nouvelles recherches, des approches et outils innovants, dans les relations sociales, dans les modes de gestion des problèmes et de prise de décision. La construction du consensus (« consensus building » en anglais) s'inscrit dans ce contexte et est loin de répondre à un idéalisme déconnecté des réalités quotidiennes. Il s'agit d'un ensemble concret de méthodes participatives spécifiques comprises dans une approche collaborative et mises en pratique à de maintes reprises dans des situations et des pays très variés. Elle donne des résultats éprouvés et constitue une vision novatrice. Nous proposons ici d'expliciter cette approche, d'en établir les conditions d'existence et d'expliquer brièvement les avantages attendus d'un « consensus building », pour se centrer ensuite sur un bénéfice particulier : celui d'être entendu. Ensuite, nous voulons montrer que la particularité du lobby constitué par les ONG environnementales actives dans l'Union européenne s'explique par son fonctionnement, fondé sur un « consensus building » particulier. Notre hypothèse est que le « consensus building » permet à ces ONG d'être renforcées individuellement et d'avoir plus de poids dans l'élaboration des politiques de l'Union européenne (d'être entendues). Le terrain nous permettant de vérifier cette hypothèse est celui de l'élaboration du traité établissant une Constitution pour l'Europe. Nous analyserons quelques points sur lesquels les ONG environnementales se sont centrées pour évaluer leur impact sur la construction du traité, qui fut effectuée entre fin 2001 et fin 2004.