Fumier de bovins, un gisement à fort potentiel pour le secteur de la méthanisation en France
/ Le secteur de la méthanisation agricole est en développement majeur évoluant d'une production de biogaz agricole quasi-nulle en l’an 2000 à plus de 138 unités en fonctionnement en 2013. L’ambition francaise, dernièrement renouvelée par le plan EMAA1 est de développer de façon très accrue la production du biogaz agricole et d’atteindre à l’horizon 2020 le nombre de 1000 installations en fonctionnement. Afin d'atteindre cet objectif, différents défis doivent être relevés, notamment celui du gisement de matière organique entrant dans ces unités. Actuellement, les installations agricoles fonctionnent principalement avec des subtrats agricoles liquides tels que les lisers de porcs ou de bovins auquels sont adjoints des co-substrats à fort potentiel méthanogène, notamment des déchets agro-alimentaires, de plus en plus soumis à concurrence. Ce modèle de développement d’unités de méthanisation agricole, quoique encore non épuisé, n'est pas perenne à plus ou moins court terme. Afin d’assurer la poursuite du développement de ces unités de méthanisation, d’autres substrats doivent être mobilisés notamment des ressources encore peu utilisées tels que les résidus de culture et les fumiers. Dans cette perspective, différents challenges doivent être relevés comme (i) la mise en oeuvre de ces substrats à fortes concentrations en matières séches, (ii) l’évaluation fine des gisements sur le territoire national et (iii) des analyses technico-économiques et environnementales de ces filières. Les gisements potentiels théoriques de ces matières méthanisables en France ont, à ce jour, été estimés de façon empirique et surtout de façon incomplètes. Plusieurs études plus précises ont été réalisées mais restreintes à des territoires particuliers ou le recours à des enquêtes est possible. L’étude présentée ici se propose de revisiter l’estimation des ressources de fumiers et de lisier de bovins produits à l’échelle nationale en se basant sur (i) les données individuelles recueillies lors du Recensement Agricole (RA) de 2010 et (ii) la base de données nationale d’identification (BDNI) de 2010. La méthodologie proposée s'appuie sur (i) une typologie animale en 13 groupes (animaux reproducteurs et renouvellement d’une part : Vaches laitières, Vaches allaitantes, génisses par classe d’âge; animaux produits selon des cycles plus ou moins longs d’autre part : Veaux de boucherie, Veaux lourds, Jeunes bovins de boucherie <1 an, Jeunes bovins classiques, Boeufs, Broutards, Broutards repoussés, Jeunes bovins maigres), (ii) une analyse du mode de logement (stabulation libre, entravée, litière accumulée, etc.) complétée par (iii) une évaluation des temps de présence au bâtiment valorisant les réponses des éleveurs lors du recensement agricole concernant les durées de pâturage. La 1 Le Plan Énergie Méthanisation Autonomie Azote (EMAA), 2013, Ministères de l’écologie du développement durable et de l’énergie, Ministère de l’agriculture de l’agroalimentaire et de la forêt. méthode aboutit à catégoriser les types de déjections produites (Lisier, Fumier Mou, Fumier Compact et Fumier Très compact) et à quantifier les déjections produites pour chaque typologie animale. Pour certaines situations, des règles de réaffectation ont dues être déployées afin de pallier certaines difficultés identifiés rencontrés lors de l’utilisation du RA 2010 (erreurs d'interprétation des questionnaires sur les modes de logement, écarts entre les animaux présents ou produits et les capacités de logement). Finalement, grâce à la méthodologie mise en oeuvre, il est possible de géolocaliser les ressources calculées à différentes échelles et exprimées en potentiel énergétique. Le territoire du Parc Naturel Régional Normandie-Maine est un premier exemple de déploiement de cet approfondissement méthodologique.
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