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Adaptation microbienne à l'exposition aux pesticides dans un cours d'eau situé en zone viticole

/ Les communautés microbiennes sont des acteurs clés dans le fonctionnement général des écosystèmes lotiques. Par leur position à la base du réseau trophique et leurs capacités enzymatiques, elles interviennent dans des processus écologiques fondamentaux tels que la production primaire, la dégradation des matières organiques et le recyclage des nutriments. Dans les petits cours d'eau, les microorganismes se structurent en biofilms qui interagissent avec les substances dissoutes et notamment avec les pesticides qui peuvent modifier leur structure et leur fonctionnement. Une exposition prolongée à ces molécules peut engendrer une pression de sélection au sein de la microflore et conduire à la mise en place de mécanismes d'adaptation microbienne. Au sein des communautés autotrophes (algues et cyanobactéries), cette adaptation peut se traduire par le remplacement progressif des organismes les plus sensibles par des organismes plus tolérants. La communauté résultante présente alors une tolérance vis-à-vis des pesticides, supérieure à celle observée pour une communauté semblable mais n'ayant pas connu de pression de sélection par ces polluants (concept PICT : « Pollution Induced Community Tolerance » ; Blanck et al., 1988a). Au niveau des communautés hétérotrophes (bactéries, champignons), l'adaptation induite par une exposition prolongée aux pesticides peut engendrer le développement des capacités d'utilisation de ces pesticides comme source nutritive et énergétique et donc par une stimulation du potentiel de biodégradation microbienne de ces polluants qui peut contribuer ainsi à l'amélioration des capacités épuratrices de l'environnement. Nous proposons ici d'illustrer ces processus à partir de suivis microbiens réalisés sur une rivière située en zone viticole (Morcille, Beaujolais) et caractérisée par une contamination croissante en pesticides d'amont en aval. Les résultats montrent une augmentation significative, d'amont en aval du cours d'eau, de la tolérance des communautés autotrophes à l'herbicide diuron (pesticide majoritaire dans le milieu) et ce, quelle que soit la saison. Les variations temporelles de ce niveau de tolérance font apparaître une tendance saisonnière marquée, dépendante des pratiques de traitement phytosanitaire sur le bassin versant. L'augmentation des capacités de biodégradation du diuron en aval du cours d'eau, traduisent également une adaptation des communautés microbiennes hétérotrophes au gradient de contamination. Ces capacités adaptatives, qui reflètent le niveau d'exposition dans le milieu, offrent donc des perspectives intéressantes dans une démarche de bio-indication microbienne d'une contamination par des produits phytosanitaires.

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