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Accéder à l'inaccessible : paradoxes et originalité des transports en montagne à Zermatt ( Suisse)

Martin, Brice - 2009
Si quelques chalets d'alpages témoignent encore de ce qu'était la vie en montagne au XIXè siècle, Zermatt se caractérise davantage à présent par sa profusion d'hôtels de luxe et de magasins chics. Haut – lieu du tourisme montagnard, Zermatt doit sa réputation à un environnement exceptionnel, dominé par 27 sommets à plus de 4.000m, dont le mythique Cervin. Répulsif pour les activités traditionnelles, ce milieu montagnard exerce une formidable attraction sur les touristes du monde entier depuis la fin du XIXè siècle, au point d'en faire un cul de sac parmi les mieux desservis du monde, mais aux accès très verrouillés. Et la principale originalité de Zermatt repose sur l'évolution et l'organisation d'un modèle de transport en haute – montagne efficace, diversifié mais paradoxal puisqu'il offre à un public non spécialiste un accès maximal aux espaces les plus inaccessibles (très haute montagnes englacée) tout en restreignant les entrées, autant par la limitation de la circulation et de la desserte que par le coût des transports. Le modèle d'accès à la montagne de Zermatt se décompose en trois parties : la vallée (ouverte), la ville (fermée) et la montagne (ouverte), pour lesquelles la typologie et la logique des modes de transports nourrissent d'étonnants contrastes. Ainsi, à la desserte multimodale de la vallée s'oppose l'unique circulation des véhicules électriques des habitants dans la ville ; aux rues étroites et micro véhicules associés de Zermatt s'oppose la diversité et le gigantisme des remontées mécaniques de plus en plus tournées vers les sports d'hiver ; au poids des héritages (tourisme et pratique de la montagne, patrimoine) et des contraintes du milieu naturel s'opposent prouesses technologiques, constituant un véritable condensé du savoir – faire suisse en matière de génie civil. Ainsi, à la cime du Cervin, réservée aux seuls alpinistes les plus chevronnés, s'oppose le sommet du Petit Cervin, accessible en... ascenseur ! Mais surtout, les particularités de l'exemple zermattois amènent à s'interroger sur les limites du modèle de transport durable puisque la vitrine de la circulation douce à Zermatt (transports en commun, véhicules électriques), s'accompagne, d'une part d'un aménagement lourd de la haute montagne pour renforcer le domaine skiable, et d'autre part de la transformation du village en aval en un gigantesque parking automobile. Et la croissance urbaine très rapide de Zermatt montre que l'accessibilité réduite et l'absence de circulation automobile sert davantage d'argument de marketing que de moyen de restriction d'accès et de protection de la montagne.

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