Information Eaux

page 2 Territoires dont les limites sont parfois difficiles à trouver, représentant près de 75 % du linéaire du réseau hydro- graphique français, les cours d’eau se trouvant en Tête de Bassin Versant (TBV) représentent un enjeu straté- gique par rapport à l’objectif de qualité des Masses d’Eau de surface imposé par la Directive-Cadre européenne sur l’Eau (DCE) à l’horizon 2027. En effet, on comprend intui- tivement que si les cours d’eau situés en amont sont en mauvais état, ils risquent d’avoir un impact négatif sur l’état des rivières qui se trouvent en aval. Une importance fondamentale dans le bon fonctionnement d’un bassin versant L’état de ces rivières est capital dans l’état d’un bassin versant. D’abord, ces cours d’eau participent à la régula- tion des crues grâce aux zones humides qui les accom- pagnent. Ensuite, ils jouent un rôle d’épuration physico- chimique grâce notamment à la végétation rivulaire. Enfin, leurs richesses en habitats leur permettent d’abriter une grande biodiversité aussi bien dans l’eau que sur les berges. Des zones fragiles Ces petits hydrosystèmes sont très vulnérables : leur abondance, leur taille réduite, leur grande aire d’alimen- tation, leur faible débit les exposent à de forts risques de pollutions. Les pressions qui pèsent sur eux peuvent être catégori- sées en : l Pressions agricoles : les terres arables occupent 25 % de la tête de bassin versant française. Dès la source, la présence de nitrates est constatée en cas d’agriculture intensive. Dans les zones d’élevage, l’une des principales altérations du milieu est causée par le piétinement du bétail qui s’abreuve ou qui fran- chit les cours d’eau. l Pressions forestières : certaines plantations d’arbres réalisées il y a quelques décennies ne sont pas adap- tées aux exigences des têtes de bassin. Les résineux, par exemple, forment des litières acides affectant la vie aquatique car ils ont des impacts négatifs sur la physico-chimie des eaux. Ils peuvent également modifier profondément la morphologie des petits cours d’eau. l Autres pressions anthropiques : sous la pression de l’urbanisation, dans certaines régions, les fossés et zones humides ont disparu suite aux remblaiements, aux drainages et à l’imperméabilisation des sols. Une prise de conscience pour leur préservation Malgré les nombreux services écosystémiques rendus, les Têtes de Bassin Versant n’ont, longtemps, pas été au centre des orientations de gestion. Par le passé, elles ont même souvent été altérées du fait de leur méconnais- sance (absence de cartographie) et de pratiques agri- coles intensives. Cependant, depuis une dizaine d’an- nées un certain nombre de moyens de protection ont été mis en œuvre, la majorité d’entre eux guidée par des exigences de biodiversité et de conservation des es- pèces patrimoniales : acquisition de territoire, restaura- tion des milieux, labellisation de cours d’eau, sensibilisa- tion des agriculteurs… De plus, après des décennies où les TBV ont été écartées des préoccupations majeures des gestionnaires de la ressource, les politiques de l’eau les ont incluses dans leurs grands programmes, ce qui pérennise leur préserva- tion : prise en compte dans les SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) et SAGE (Sché- ma d’Aménagement et de Gestion des Eaux) des Agences de l’Eau Adour-Garonne, Loire-Bretagne, dans le Plan de Gestion Stratégique des Zones Humides (PGSZH) de l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée & Corse… Si la prise de conscience de l’importance des TBV semble maintenant acquise, il reste néanmoins des progrès à faire dans les méthodes de suivi de l’état des cours d’eau. En effet, les analyses et relevés standards qui sont effectués afin d’évaluer les états physico-chimiques, biologiques et morphologiques d’un cours d’eau sont coûteux et chrono- phages. Des études sont menées afin de mettre au point de nouvelles techniques capables d’évaluer plus rapide- ment et de façon fiable l’état écologique global d’un hydrosystème (ADN environnemental, biomarqueurs…). L’avenir passera peut-être aussi par le développement des sciences participatives dans le domaine du suivi de la qualité de l’eau. Cette démarche est déjà très présente dans les pays de culture anglo-saxonne, où des volon- taires sont formés et équipés pour observer, détecter et alerter les autorités en cas de dégradations avérées. Cette implication citoyenne dans le suivi et la protection de l’environnement mériterait sans doute d’être approfon- die dans la perspective d’une diminution de la ressource publique et d’une société connectée et de plus en plus sensibilisée à ces problématiques. Ces extraits proviennent d’une synthèse de Roland KAGAN, étudiant d’AgroParisTech Montpellier : ”Cours d’eau de tête de bassin versant en bon état : quels enjeux et quelles actions de non dégradation ?”. Le texte intégral peut être commandé à l’adresse : eaudoc@oieau.fr . La liste complète des Synthèses disponibles est consultable sur le site : www.oieau.fr/eaudoc/publications/ syntheses-techniques O f f i c e International d e l ' E a u COURS D’EAU DE TÊTE DE BASSIN VERSANT : DES ZONES À PRÉSERVER La synthèse de l’OIEau ❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰❰ N° 628

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